L’état hébreu considère la vague d’Alya française, en nette hausse depuis l’année dernière, comme une chance ; l’ensemble des ministères israéliens font miroiter aux Olim français une intégration sur mesure… il faut tout de même se préparer à mériter son intégration.
Les écueils de l’Alya
Entre crise économique et sentiment croissant de rejet social, les juifs de France ne manquent pas de bonnes raisons de quitter la France et bon nombre se pressent déjà à l’Agence juive. Israël dit s’attendre à une Alya française massive et affirme vouloir réussir leur intégration. Pour autant le statut d’immigrant est semé d’embûches. A un âge où l’on envisage plus une stabilité, l’Alya représente au contraire une colossale remise en question culturelle, professionnelle et (avant tout) linguistique. Nombre de cinquantenaires sont arrivés sans parler hébreu, sans diplômes et sans économies. Ils ne s’attendaient vraiment pas à tant de difficultés et en 2001-2003, quasiment la moitié des olim est repartie. L’élite française s’expatrie en quête d’un avenir économique meilleur ; les Juifs n’échappent pas à cette règle. Mais fuir la France n’est pas une raison suffisante pour effectuer son Alya, pour réussir son Aliya, il faut savoir pourquoi on vient. Mieux vaut s’assurer sur ses motivations afin d’éviter les problèmes. Attention donc au mirage de l’Alya fiscale ou à l’incitation de la droite israélienne qui appellait à l’émigration française. Les aller-retour entre les deux nations brisent également des foyers et engendrent beaucoup de divorces, les hommes fondent souvent un nouveau foyer en France et les enfants se retrouvent confrontés à la réalité d’un père absent et d’une mère débordée par les problèmes d’intégration.
Les olims français : une alya disparate
Les alyots d’origine française représentent la première vague massive provenant d’un pays occidental. Leur profils sont nombreux : élite intellectuelle, professions libérales, traditionnalistes ou familles se retrouvant en terre promise… les jeunes femmes religieuses recherchant un époux, contrairement aux jeunes hommes désireux de voir passer l’âge du service militaire obligatoire en Israël, affluent. Entre les olims et l’administration, les associations tentent de combler le fossé creusé par l’acclimatation difficile des nouveaux arrivants à une culture et des manières de procéder différentes, aggravés trop souvent par cette barrière de la langue. Les français métrisent souvent mal l’anglais qui leur aurait pourtant permis de se rapprocher des autres communautés en attendant d’apprendre l’hébreu ; ils parviennent pour certains à travailler au sein de compagnies françaises, ce qui ne favorise pas leur intégration. Des soirées de rencontres sont organisées pour stimuler la pratique de la langue, pour leur permettre de trouver des solutions afin de se loger et obtenir du travail. Cependant les subventions subissent de sérieuses coupes en cette période de restrictions, on peut donc supposer que les 200 millions de shekels annoncés pour l’intégration des olims français ne seront pas entièrement alloués à cette intention. Les personnes directement touchés sont d’abord les familles dans le besoin, déjà soutenu par le système français (CAF, RSA…), celles qui ne pourraient pas faire leur alya sans aides financières israéliennes ; car la vague française n’est pas considérée comme une alya de nécessité, ce phénomène étant relativement récent.
En plus d’être juif, il faut devenir israélien
En plus de toutes ces difficultés, la reconnaissance des diplômes et l’accession à la propriété sont des obstacles supplémentaires ; les prix de l’immobilier ont ainsi grimpé depuis la vague d’achat systématique à haut prix, il y a une dizaine d’année. Mais malgré tout cela, les enfants d’Alyots peuvent se voir éloignés de leurs parents » grâce à » leur intégration naturelle : ils mangent, parlent, vivent israéliens, contrairement à leurs ainés qui conservaient leurs origines (accent, mélange des langues, coutumes françaises…). Tel est le prix à payer pour mener à bien son alya car les israéliens, en raison de ces difficultés d’intégration, ne portent pas toujours un regard bienveillant sur les olims français qui ont la réputation d’être râleurs et arrogants. Les Israéliens, quant à eux, sont à priori rustres par protectionnisme envers une vie qui ne leur fait pas de cadeau ; il se dit cependant qu’une fois cette barrière franchit ils peuvent être des plus serviables. Certes, la start-up nation a de quoi attirer les jeunes cadres et les diplômés. Pour autant Israël n’est que la 3e destination choisie par les Juifs qui quittent l’Hexagone. Les Etats-Unis et le Canada arrivent en tête. Pour les plus brillants, l’Australie est aussi une option.
Retrouver l’esprit sioniste
L’Israélien n’a pas le temps d’être poli », fait remarquer Eliyahou, « s’il est rigide à l’extérieur, c’est pour avoir le dessus, c’est une tactique de déstabilisation. Il faut savoir la désamorcer et alors il est le plus serviable au monde ». Les Français sont trop habitués à l’Etat providence, nul doute qu’il leur faudra revoir leur copie. « Un juif n’a jamais le droit de dire du mal d’Israël », pointe encore Sarah. Des critiques qui sont sans doute à relativiser. « Regardez, on est en janvier, il fait beau et doux, où seriez-vous à Paris à cette heure-ci ? Dans le métro ? Avec votre petit sandwich casher caché dans votre sac », sourit Avi Zana histoire de remettre quelques pendules plaintives à l’heure israélienne.
Pour éviter la yerida (descente) à tout prix, peu médiatisée, mais bien réelle, il faudra devenir israélien. « Les Français sont un peu comme la femme de Lot. Ils font leur Aliya, mais regardent sans cesse en arrière. Les Russes ou les Juifs qui sont montés d’Ethiopie, par exemple, pas du tout. C’est peut-être une des raisons qui explique les difficultés d’intégration qu’ils rencontrent. La comparaison est souvent porteuse de frustrations », prévient encore Zana. « Devenir israélien, c’est se mettre dans la peau d’un Juif dans l’Etat juif », rappelle Elyahou. Soit se rappeler que l’Etat d’Israël existe grâce au sionisme et aux idéaux d’hommes et de femmes qui se sont battus pour sa création. « Ici, tout est difficile, nul ne nous a promis un chemin de roses. Du matin au soir, il faut se battre. Rien n’est jamais gagné d’avance. Pour éviter les regrets, il faut garder son idéal », conseille Daphna Poznanski. « Faire son Aliya, c’est mettre en œuvre son idéal ».
Etymologiquement parlant, l’Aliya correspond avant tout d’une élévation
spirituelle. Et conformément à la Promesse, le reste devrait suivre.
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