Beaucoup – et parmi eux d’illustres intellectuels juifs français – considèrent que la création de l’Etat d’Israël s’est faite en deux étapes espacées de 19 ans et qu’elle ressemble en cela à d’autres événements de l’histoire juive. En 1948, a eu lieu « l’Indépendance physique » qui est célébrée le jour de Yom Haatsmaout et en 1967, « la libération spirituelle » qui est célébrée le jour de Yom Yéroushalaïm.
Après 70 ans, on sait mettre en valeur les multiples contributions d’Israël au progrès de l’humanité dans son ensemble dans des domaines aussi variés que l’agriculture, l’économie, la cyber-sécurité, l’armement, la technologie de pointe ou la médecine. Il me semble pourtant que l’apport principal d’Israël, celui qui a révolutionné l’histoire des juifs ces dernières décennies est celui qu’Israël a apporté au monde juif, principalement depuis la libération de Jérusalem en 1967. On ne mesure pas toujours à sa juste valeur la contribution d’Israël au développement religieux, spirituel, culturel et identitaire des communautés juives à travers le monde.
On entend souvent qu’Israël est l’assurance-vie du peuple juif, que l’existence d’Israël est garante de la liberté des juifs là où ils se trouvent. Nombreux sont les exemples de communautés qui ont été aidées, secourues ou sauvées par Israël depuis 1948. Mais dans ce cas également, on ne met en valeur qu’une dimension d’Israël, celle liée à la sécurité physique des juifs.
La création de l’Etat d’Israël a permis la renaissance de la Nation Juive dont Jérusalem en est indiscutablement le cœur qui irrigue de sa spiritualité les juifs du monde entier. Une nation indépendante et souveraine permettant le développement de la culture juive et d’identités juives multiples. Jamais, à aucun moment de l’histoire et dans aucune des communautés de la diaspora, on a étudié comme on le fait au quotidien en Israël. Cette richesse incroyable de la pensée juive inonde aussi bien les juifs qui vivent en Israël qu’elle profite aux juifs qui vivent dans les communautés de la diaspora. Elle a permis de redonner de la vitalité à de très nombreuses communautés juives.
« La création de l’Etat d’Israël a permis la renaissance de la Nation Juive »
Pendant près de 2000 ans, les juifs ont conservé leur identité individuelle et leur lien communautaire espérant un jour pouvoir retrouver leur identité nationale et c’est cette nouvelle dimension qu’Israël a apportée. Tout en étant citoyens à part entière du pays dans lequel ils vivaient, les juifs ont toujours considéré qu’être juif n’était pas simplement une pratique religieuse mais également une histoire, une culture, une langue, un mode de vie et un destin commun. C’est ce dont Theodor Herzl prit conscience dans la France de Clémenceau et Zola alors que Dreyfus, pourtant français au service de la nation, était victime d’antisémitisme, déjà à l’époque.
C’est ce que mettent en avant les dizaines de milliers de juifs qui décident chaque année de faire leur Alya. Même si le retour à Sion répond à une aspiration spirituelle millénaire, même si la vie en Israël est pour beaucoup l’accomplissement d’un commandement religieux au même titre que le respect du shabbat, la Alya moderne exprime avant tout la volonté de vivre dans une nation juive dont les enjeux identitaires sont ceux du Peuple Juif. Ce sont d’ailleurs les grands intellectuels juifs français du 20ème siècle, tels que, Benno Gross, Éliane Amado-Lévy-Valensi, Léon Askénazi ou André Neher, tous profondément français qui les premiers arrivèrent à cette conclusion au lendemain de la guerre des Six jours et décidèrent il y a cinquante ans de cela, de joindre l’action à la réflexion en faisant leur Alyah.
Ce n’est pas seulement la Terre d’Israël, comme dans le cas d’alyot individuelles au Moyen Age, que plus de 40000 juifs français ont choisi de rejoindre ces dix dernières années, mais bel et bien l’Etat d’Israël avec le sentiment de voir leur identité individuelle s’unir en harmonie avec l’identité de la nation dans laquelle ils vivent. Jérusalem revêt plus que jamais une dimension capitale dans l’identité juive, pas seulement religieuse et spirituelle mais également politique et nationale.
Comme le disait André Neher, « En diaspora, j’étais déchiré idéologiquement, soit homme dans la rue, et Juif à la maison ; soit l’inverse, Juif fier dans la rue et homme tout simplement à la maison. A Jérusalem, je suis simultanément, indéchirablement, à chaque moment de ma vie, homme et Juif à la fois ».
http://www.actuj.com/2018-05/israel/6719-a-jerusalem-tout-est-capital-andre-neher
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